Cette année a été marquée par la réouverture du site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France (BnF) après une longue restauration. C’est une incontestable réussite. On soulignera notamment l’extraordinaire « musée de la BnF » dont les plus belles pièces occupent la Galerie Mazarin presque intégralement rendue à sa splendeur passée. Il y a toutefois un défaut dans ce bel ordonnancement. Il se situe au nord du quadrilatère, au 12, rue Colbert. On y trouve un édifice particulièrement sale, calfeutré et en partie couvert de filets, comme abandonné de tous, dont l’état contraste fortement avec celui de sa voisine, la BnF. Et pourtant le lien entre eux est évident.
Il s’agit de la partie survivante de l’hôtel de Nevers édifié vers 1645 par François Mansart (1598-1666) pour le cardinal Mazarin. Et qui reviendra à sa mort à son neveu Philippe Mancini, duc de Nevers. On retiendra qu’il a abrité outre la bibliothèque Mazarine, celle du roi et plus tard son cabinet des médailles. Avant d’être loué à la marquise de Lambert qui y tiendra de 1710 à 1733 un des plus célèbres salons de l’époque, fréquenté par Fontenelle, Marivaux et Montesquieu. Mais le malheureux hôtel sera littéralement tronçonné après son rachat partiel par Colbert et le percement de la rue qui porte son nom. Et il sera définitivement réduit à la portion congrue au XIXe siècle lors de la construction des bâtiments voisins. Il en subsiste pourtant suffisamment pour qu’on se soucie de son sort. Les Monuments Historiques l’ont reconnu en classant ses façades, toitures et décors intérieurs.
L’association Paris historique s’inquiète de l’avenir de l’hôtel de Nevers et vient d’adresser une lettre à Madame Rima Abdul Malak, notre Ministre de la culture pour l’alerter.
Restons vigilants !