Rare maison de campagne du XVIIIe S du pourtour de la capitale à avoir été conservée jusqu’à nos jours
Le Pavillon Carré de Baudoin, situé rue de Ménilmontant (20ème) a été construit en forme de « L » au XVIIIème siècle pour être la résidence de campagne de Nicolas Carré de Baudouin. Sa façade, dotée d’un fronton triangulaire supporté par quatre colonnes ioniques a été conçue par l’architecte Pierre Louis. Moreau-Desproux. Il s’agissait alors d’une importante propriété avec « un grand corps de bâtiment de 2 étages, une chapelle privée, de grands jardins avec serres, volières, écuries » selon Hillairet. Au 19e siècle, le pavillon abrite un pensionnat de jeunes filles, puis un orphelinat. A cet effet, il est augmenté d’un nouveau bâtiment visible au fond du jardin, parallèlement à la rue de Ménilmontant. Après 1860, l’élargissement de la rue de Ménilmontant et le percement de la rue des Pyrénées ont considérablement réduit la propriété et amputé la maison elle-même. Le Pavillon Carré de Baudouin a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1928. La Ville de Paris l’acquiert et la réhabilite. Le jardin devient public en 2005. En 2007, un mur de clôture est construit.
Le permis de construire déposé en septembre 2021 a pour objet « la modification d’aspect extérieur d’une construction existante à R+1 sur 1 niveau de sous-sol ». Il comprend :
- le changement de sol autour du Pavillon Carré de Baudouin,
- l’installation d’une grille basse pour délimiter l’enceinte du Pavillon et du jardin,
- l’ajout de deux mâts d’éclairage extérieur,
- la modification du mur d’enceinte sur la rue de Ménilmontant,
- l’ajout d’un garde-corps sur les escaliers du quai de déchargement,
- la réparation du soubassement endommagé de la façade en pierre,
- le changement de deux portes latérales d’entrée,
- et enfin la mise en conformité accessibilité et sécurité incendie.
Sauvons ce lieu historique du désastre annoncé !
L’accord du Préfet a été donné avec la réserve suivante : « Les documents transmis ne permettant pas de justifier l’agrandissement des baies latérales du portique, les dimensions (73 cm x 210 cm) de ces deux ouvertures ne seront pas modifiées ». La façade palladienne ne subira donc pas de percées. Le dossier indique que « la gestion du Pavillon Carré de Baudouin et du jardin doit être dissociée », sans plus d’explications, d’où l’installation d’une grille « basse » d’1,2m de haut et 33m de long, pourvue de deux portillons au droit des allées du jardin, alors que depuis toujours l’un ne va pas sans l’autre. La belle façade palladienne ne peut s’apprécier pleinement qu’avec du recul, ce que la grille ne permettra plus. Enfin, le mode d’éclairage retenu ne correspond pas à ce qu’on attendrait, s’agissant d’un monument historique !