Un lieu historique à plusieurs titres
Ouvrant au n° 56 de la rue du Faubourg-Saint-Antoine (12e arrondissement), la cour du Bel-Air constitue un site emblématique du quartier. Elle recèle des éléments architecturaux de grande valeur : un ensemble préservé d’escaliers du XVIIe et XVIIIe siècles – parmi lesquels celui des mousquetaires noirs (voir image ci-dessous), construit en 1637 dans l’hôtel du Bel-Air et mentionné dans de nombreux guides depuis plus d’un siècle –, des caves exceptionnelles du XVIIe siècle voûtées d’arêtes, de magnifiques charpentes conservées dans deux maisons attenantes au n° 58 et un ensemble d’ateliers-habitations édifiés au XIXe siècle, vecteurs de mémoire de la vie des ébénistes et des travailleurs juifs du faubourg qui furent déportés et spoliés sous l’Occupation. Par ailleurs, l’hôtel du Bel-Air fut, avec ses dépendances, la demeure de Robert Chuppin, bâtisseur du Pont-Rouge et l’un des plus grands maîtres-charpentiers sous Louis XIII.
Plusieurs association demandent la protection du site au titre des monuments historiques
Compte tenu de sa valeur historique et architecturale, plusieurs associations – Sites & Monuments, Paris historique, SOS Paris, Convoi 6 et le collectif de défense de la cour du Bel-Air – ont demandé la protection du site au titre des monuments historiques. Le 4 octobre 2022, la délégation permanente de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA) a émis un avis défavorable à cette protection, laissant ainsi planer une menace de démolition des intérieurs à la faveur de l’installation d’ascenseurs.
Recours gracieux déposé
Le 10 février dernier, nous avons déposé à la préfecture de région un recours gracieux visant à l’annulation de l’avis défavorable de la délégation permanente. Sur la base d’un grand nombre de documents conservés aux Archives nationales, aux Archives de Paris et à la Bibliothèque nationale de France, nous avons souligné l’erreur manifeste d’appréciation ayant conduit à cette décision. Compte tenu de la faiblesse du dossier qui lui a été présenté par la Conservation régionale des monuments historiques, la délégation permanente semble avoir ignoré l’importance historique et mémorielle du lieu, l’insuffisance de la protection apportée par le plan local d’urbanisme – ce qui justifierait la mise en place d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur dans le faubourg Saint-Antoine, d’ailleurs demandée par le maire du 11e arrondissement – et les travaux réalisés voici quarante ans dans les règles de l’art sous le contrôle de plusieurs architectes des bâtiments de France soucieux de préserver cet ensemble.
Espérons donc une issue favorable à notre recours, seule manière d’aboutir à la protection efficace d’un lieu particulièrement emblématique du Paris historique.