Historique
Construit par Louis Le Vau en 1640 pour le financier Jean-Baptiste Lambert de Thorigny et décoré par Charles Le Brun, l’hôtel est acquis par Nicolas, frère de Jean-Baptiste, avant de passer entre les mains du fermier général Claude Dupin. Le comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur, l’acquiert en 1813, puis c’est la princesse Anna Czartoryska qui en devient propriétaire et le fait agrandir en le réunissant à l’hôtel Le Vau voisin. L’hôtel devient bientôt un important foyer culturel polonais.
Classé monument historique en 1862, il doit sa transmission jusqu’à nos jours au respect que lui ont témoigné ses propriétaires successifs… jusqu’à son acquisition en 2007 par le prince qatari Al Thani. De profondes transformations sont prévues (*) : création de dizaines de chambres toutes dotées d’une salle de bains, installation de deux nouveaux ascenseurs (en complément des deux existants), creusement d’un parking souterrain, création d’une centrale de climatisation et ses gaines de distribution.
Rôle de l’association Paris historique
Malgré l’opposition de la Commission du Vieux Paris (CVP) à ce projet (résolution de la séance du 18 décembre 2008), l’autorisation de travaux est donnée par le ministère de la Culture le 11 juin 2009. Trois recours sont portés par Paris historique, représenté par Pierre Housieaux, son président, et Jean-François Cabestan, architecte, historien du patrimoine et maître de conférences à Paris I, tous deux membres experts de la CVP et parfaitement informés de la nature des travaux projetés.
L’action est relayée par une pétition qui recueille plus 8.000 signatures et par une campagne active sur internet. Le soutien s’étend au-delà de nos frontières et mobilise aussi la presse étrangère. Face aux menaces qui pèsent sur le bâtiment, le juge des référés suspend l’autorisation de travaux le 15 septembre 2009 et le ministère de la Culture fait appel devant le Conseil d’État. Conjointement, la mairie et le nouveau ministre, Frédéric Mitterrand, lancent une médiation entre Paris historique et la CVP d’une part et les représentants du prince d’autre part. Un compromis est trouvé, finalement signé le 22 janvier 2010 dans le bureau de Frédéric Mitterrand. Il est toutefois à regretter l’opacité qui a régné ensuite sur le déroulement des travaux et leur suivi.
Restauration
Au cours des travaux, l’hôtel est victime d’un incendie déclaré sous les combles dans la nuit du 9 au 10 juillet 2013. L’hôtel subit de nombreux dégâts, dont certains irréversibles (c’est ainsi que disparaît le Cabinet des bains peint par Eustache Le Sueur au XVIIe s.). Il est restauré jusqu’en 2018. Les seules transformations connues sont celles visibles à l’extérieur du bâtiment : restitution des pots-à-feux dont l’existence reste néanmoins hypothétique, nettoyage profond des façades, création des fausses fenêtres sur la façade donnant sur la rue Saint-Louis-en-l’Île.
Aujourd’hui
L’hôtel est la propriété de l’homme d’affaires Xavier Niel.
Pour en savoir plus :
- Robert Hénard et Adrien Fauchier-Magnan, L’hôtel Lambert, Paul Ed., 1903.
- Connaissance des Arts – Hors série, l’hôtel Lambert – chef d’œuvre de l’architecture parisienne du Grand Siècle, juin 2009.