Historique
Si l’origine de l’hôtel remonte au XVIe siècle, construit pour Henri de Mesmes, garde du Trésor des Chartes, ce n’est que vers 1644-1647 que son petit-fils, Claude de Mesmes, diplomate puis surintendant des Finances de Mazarin, fait bâtir un hôtel prestigieux, entre cour et jardin, selon les plans de l’architecte Pierre Le Muet.
Paul de Beauvillier, duc de Saint-Aignan, ministre d’État et gendre de Colbert, qui en devient propriétaire en 1688, fait modifier l’hôtel sous la conduite de l’architecte Jacques Le Pas du Buisson et redessiner les jardins par André Le Nôtre. En 1733, son petit-fils, Charles-Auguste de Rochechouart, duc de Mortemart, hérite de l’hôtel, ce qui explique qu’il figure sous le nom d’hôtel de Rochechouart sur le plan Turgot. L’hôtel revient de nouveau aux Saint-Aignan jusqu’en 1776, date du décès de Paul-Hippolyte de Beauvillier, duc de Saint-Aignan, diplomate, collectionneur averti, protecteur des artistes et membre de l’Académie française.
La destinée de l’hôtel sera ensuite moins noble. Siège de la 7e municipalité, puis mairie du 7e arrondissement jusqu’en 1823, il abrite alors des activités commerciales et industrielles qui entraînent de nombreuses dégradations : surélévation du corps central de trois étages, disparition progressive des décors intérieurs, constructions d’ateliers dans le jardin… pour finalement être racheté par la Ville de Paris en 1962.
Rôle de l’association Paris historique
En cours de restauration à l’été 1972 un gigantesque enchevêtrement de poutrelles métalliques enveloppe l’hôtel et sert de décor pour le Festival du Marais. « C’est l’image du Marais revenant à la vie », répond Michel Raude à ceux qui s’en étonnent : « l’hôtel de Saint-Aignan en chantier est un décor idéal et prestigieux pour accueillir mimes, danseurs, comédiens et musiciens durant les nuits du festival » (Le Figaro littéraire du 3 juin 1972 « Au Marais : Shakespeare toujours en chantier »). Comme d’autres hôtels du Marais mis en valeur par le Festival, il sera entièrement restauré.
Restauration
Classé monument historique en 1963, il bénéficie de plusieurs campagnes de restauration avec la destruction des surélévations et la suppression des bâtiments parasites, suivies de la réfection du comble d’ardoises, des lucarnes côté jardin et du fronton côté cour. Vient ensuite la restauration finale sous la responsabilité de Bernard Fonquernerie : ravalement des façades, restitution des armes de Saint-Aignan, aménagement des intérieurs et reconstruction du grand escalier de Le Muet.
Aujourd’hui
L’hôtel accueille depuis 1998 les collections du Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme. L’établissement succède au musée privé créé en 1948 rue des Saules et retrace les grandes périodes de l’histoire des communautés juives en France, en Europe et en Afrique du Nord.
Pour en savoir plus : Danielle Chadych, Le Marais – Evolution d’un paysage urbain. Parigramme Ed., 2010, 637pp.