Historique
Au milieu du XIIIe siècle, l’abbaye cistercienne d’Ourscamp (Oise) fait construire sa maison de ville rue de l’Aigle dans le Marais, aujourd’hui les n° 44-46-48 rue François-Miron (Paris 4e). C’est la résidence parisienne du père abbé et celle des novices qui font leurs études à l’école Notre-Dame. On y entrepose aussi dans son cellier les denrées provenant du domaine et destinées à la vente dans les marchés voisins. Construit tout en pierre, ce « manoir » fait environ 200 m² au sol, sur trois niveaux.
À la fin du XVIe siècle, l’abbaye fait reconstruire à la place de ce manoir trois « maisons de rapport ». Celle de l’actuelle n° 48 rue François-Miron est reconstruite à la fin du XVIIIe siècle. À la Révolution, l’abbaye est expropriée et la maison d’Ourscamp devient un bien de la Nation en 1792, puis elle est vendue aux enchères à un particulier.
Situées à la limite nord de l’îlot 16 (l’un des 17 îlots insalubres de Paris), ces maisons font l’objet de deux ordonnances d’expropriation en 1947 et 1948 et sont au bord de la ruine au début des années 1960.
Rôle de l’association Paris historique
En 1961, conscient des dangers qui menacent les quartiers anciens de Paris et le Marais, un groupe de bénévoles, conduit par Michel Raude, se bat avec énergie pour défendre ce patrimoine historique. En 1963, l’association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique est créée pour s’opposer à la destruction des immeubles de la rue François-Miron. Après une discussion de plusieurs mois, l’association se voit confier par la Ville de Paris en 1964 les travaux de restauration de la maison (n° 44 et 46 rue François-Miron) moyennant un loyer symbolique (bail emphytéotique de trente ans).
En 1964, l’association Paris historique reçoit le premier prix au premier concours « chefs-d’œuvre en péril ». Il est remis par André Malraux, ministre d’État chargé des Affaires culturelles, à Michel Raude, président de l’association.
Restauration
Les travaux de restauration de la maison d’Ourscamp commencent en 1964 et s’étalent jusque dans les années 1990 sous la direction des architectes Jean-Pierre Jouve et François-Xavier Brochard : nettoyage et déblaiement, découvertes archéologiques, mise au jour d’un cellier médiéval, sondages, démolitions… Puis vient le temps de la restauration de la toiture, de la façade, de la courette Renaissance à pan de bois. Les deux anciennes maisons du 44 et 46 sont réunies pour plus de commodité. Le cellier retrouve son volume d’origine avec la suppression de deux murs de refend. L’intérieur est réaménagé pour recevoir le public au rez-de-chaussée tandis que les étages accueillent les bureaux de l’association, la bibliothèque, la photothèque ainsi qu’une grande salle de réunion.
En 1966, le ministère de la Culture prononce le classement au titre des monuments historiques de la façade, du cellier gothique, de la toiture et de l’escalier du n° 44.
Le cellier connaît actuellement une restauration importante commencée en 2021 avec principalement la reprise des voûtes et l’installation d’un nouvel escalier d’accès.
Aujourd’hui
C’est depuis 1964 le siège de l’association, avec un déplacement à l’hôtel de Beauvais pendant la période des travaux (1972-1990). La maison d’Ourscamp et son cellier sont aujourd’hui un lieu de partage qui accueille visites, conférences, débats, vente d’ouvrages et reproductions de plans anciens de Paris. Elle abrite également une bibliothèque qui possède près de trois mille livres et une photothèque riche de plus de cent mille clichés.
Pour en savoir plus :
- La maison d’Ourscamp, 700 ans d’histoire parisienne, éditions de l’association Paris historique.
- 40 ans – des pierres et des hommes, éditions de l’association Paris historique.